L’empreinte environnementale du numérique : Enjeux et projections selon l’étude ADEME-Arcep
L’empreinte environnementale du numérique : Enjeux et projections selon l’étude ADEME-Arcep
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La transformation numérique joue un rôle essentiel dans nos sociétés modernes, mais l’empreinte environnementale du numérique soulève des préoccupations croissantes. L’étude menée par l’ADEME et l’Arcep en 2023 évalue les impacts actuels et futurs de cette empreinte en France, tout en proposant des stratégies pour en limiter les effets. Voici une synthèse des principaux enseignements.
L’état des lieux en 2020 : Une empreinte majoritairement liée aux terminaux
En 2020, l’empreinte environnementale du numérique représentait 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre nationales, soit 17,2 millions de tonnes de CO2 équivalent. Cette empreinte est principalement liée à trois composantes :
- Les terminaux (smartphones, téléviseurs, ordinateurs) sont responsables de 79 % des émissions.
- Les centres de données en représentent 16 %.
- Les réseaux n’en constituent que 5 %.
Le facteur le plus préoccupant réside dans la fabrication des équipements, qui génère 78 % de ces émissions, bien avant leur phase d’utilisation (21 %). L’empreinte environnementale du numérique inclut également des impacts sur les ressources naturelles, notamment à travers l’épuisement des métaux rares. En moyenne, un utilisateur en France produit près de 300 kg de déchets liés au numérique chaque année, une statistique alarmante.
Au-delà de l’empreinte carbone, le numérique contribue à l’épuisement des ressources naturelles, notamment les métaux rares. Un utilisateur français génère environ 300 kg de déchets annuels liés à ses usages numériques, incluant les équipements usagés et les résidus d’extraction.
Projections 2030 : Une empreinte en forte progression sans action
Sans mesures correctives, l’empreinte environnementale du numérique pourrait augmenter de 45 % d’ici 2030, atteignant 25 millions de tonnes de CO2 équivalent. Cette progression est notamment due à :
- Une multiplication par six du trafic de données.
- Une augmentation de 65 % des équipements connectés, en grande partie à cause de l’essor des objets connectés.
Les scénarios alternatifs pour 2030
Face à ce constat, trois scénarios sont proposés pour maîtriser l’empreinte environnementale du numérique :
- Écoconception modérée et généralisée : Prolonger la durée de vie des terminaux et réduire leur consommation énergétique. Ces approches limiteraient l’augmentation des émissions de 5 % à 20 %.
- Sobriété numérique : Encourager des usages plus sobres et moins gourmands, notamment pour les flux vidéo. Ce scénario pourrait réduire les émissions de 16 % par rapport à 2020, soit un impact positif significatif.
- Mix des approches : Une combinaison d’écoconception et de sobriété permettant une réduction plus large de la consommation énergétique et des ressources naturelles.
Trois scénarios prospectifs sont envisagés pour atténuer cet impact :
- Écoconception modérée et généralisée : En prolongeant la durée de vie des terminaux et en réduisant leur consommation énergétique, ces approches pourraient limiter l’augmentation de l’empreinte carbone à 5-20 %, tout en réduisant la consommation de ressources de 4 à 15 %.
- Sobriété numérique : Ce scénario repose sur la réduction des équipements, la substitution par des technologies moins énergivores et des usages plus sobres, notamment en matière de flux vidéo. Il permettrait une réduction de l’empreinte carbone de 16 % par rapport à 2020.
Projections 2050 : L’urgence d’un virage vers la neutralité carbone
Si rien n’est fait, l’empreinte environnementale du numérique pourrait tripler d’ici 2050, atteignant 49 millions de tonnes de CO2 équivalent. Les centres de données et objets connectés deviendraient alors des contributeurs majeurs. Cependant, l’étude propose quatre modèles prospectifs de neutralité carbone alignés avec les scénarios ADEME, dont deux extrêmes :
- Génération frugale : La meilleure option, divisant par deux les émissions du numérique (9,3 millions de tonnes de CO2) grâce à une réduction drastique des équipements et une sobriété renforcée.
- Pari réparateur : À l’opposé, un usage massif du numérique pour la décarbonation d’autres secteurs pourrait quintupler son empreinte, atteignant 81 millions de tonnes de CO2.
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Les leviers d’action identifiés
Pour réduire l’empreinte environnementale du numérique, plusieurs mesures prioritaires sont identifiées :
- Prolonger la durée de vie des équipements : Cela passe par une meilleure conception, une réparation facilitée et le développement du reconditionnement.
- Encourager l’écoconception : Optimiser la fabrication des équipements et améliorer leur efficacité énergétique.
- Sensibiliser les utilisateurs à des pratiques plus sobres, comme limiter la taille des écrans ou réduire les flux de données non essentiels.
- Favoriser des réseaux plus économes en énergie, notamment via la transition vers la fibre optique.
L’empreinte environnementale du numérique constitue un défi complexe, mais des solutions existent. En mobilisant les utilisateurs, les fabricants, les opérateurs et les décideurs, il est possible d’allier transition numérique et respect des limites environnementales. Sobriété, écoconception et économie circulaire seront les piliers de cette transformation. Face aux enjeux climatiques, chaque action compte pour intégrer le numérique dans une trajectoire durable.